[Deuxième note : cette prépa (additionnée à la fac) est la raison pour laquelle mes posts se raréfient ces derniers temps.]
Un secteur qui attire
Le
travail au pair a longtemps été fantasmé dans la culture commune :
de Sylvie Rogron, dans
Pierrette de Balzac
à Au Pair
(1999, Mark Griffiths), le sujet permet souvent la mise en scène de
comédies familiales où la position de l’au pair est capitale.
Aujourd’hui, le « métier » attire encore : le
site d’AupairWorld,
leader mondial des agences au pair en ligne, a compté 299 680
candidats inscrits pour 75 600 familles en 2013. Au classement
des destinations favorites : les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou
encore l’Australie. Si ces destinations font rêver, l’expérience
d’expatriée dans une famille étrangère n’exclut pas un
éventuel choc culturel.
De
l’éducation française à l’éducation américaine
En
effet, si être au pair attire par la promesse d’une immersion
totale dans une culture différente, cette condition reste centrée
autour d’un élément : la responsabilité d’enfants,
parfois en bas âge, ce qui les amène rapidement à être
confrontées à certaines difficultés. Aux Etats-Unis par exemple,
elles sont nombreuses à constater des différences flagrantes entre
l’éducation française et l’éducation américaine : Marie,
travaillant à Atlanta (Georgia), en charge de deux enfants en
dessous de cinq ans, en est témoin : « Ici
c'est simple, l'enfant est roi. On ne lui dit pas non. Si un enfant
fait un caprice dans un magasin pour obtenir quelque chose,
évidemment on ne la lui donne pas. Mais s’il veut des bonbons, il
peut en avoir s’il a été sage durant la journée ou s’il a
rangé ses affaires. Ici, l'enfant obtient toujours ce qu'il veut.
C'est toujours source de négociations, mais il arrive à ses fins. »
Anne, au pair à Scarsdale (New York), en charge d’enfants de 1, 4
et 8 ans, souligne aussi cette différence : « Les
familles américaines sont en compétition avec d'autres familles.
J’entends par là que leurs enfants doivent être les meilleurs
dans tout et partout (au niveau scolaire et activités sportives). De
plus, les mères américaines sont très vite débordées, 3 enfants
à charge ce n'est pas possible, elles ont besoin d'une nanny. C'est
à ce moment-là que la mère culpabilise de ne pas passer plus de
temps avec son enfant alors elle remplace son absence par des
cadeaux. Ils ne connaissent pas le mot "Non", sinon, c'est
la crise. »
Pour elles, l’enfant américain est bien plus privilégié que le
petit français. Roxane, en charge d’une jeune fille de 2 ans, voit
quant à elle un traitement différent de l’enfant : « J’ai
travaillé en centre de loisirs avec des enfants entre 2 et 4 ans et
la différence est incroyable. En France, honnêtement, ce sont des
bébés. On a vraiment besoin d’être derrière eux pour tout. Ma
petite de 2 ans est vraiment une petite responsable. En fait, dès
qu’ils sont petits, on considère ces enfants comme des personnes,
on les responsabilise et on leur apprend plein de choses, on leur
parle comme à des grands dans le sens où on leur explique tout ce
qui se passe. »
Ainsi, même s’il est très bien traité, l’enfant semble
responsabilisé dès son plus jeune âge.
Une
expérience à recommander
Malgré
ces différences, une grande partie d’entre elles tire un bilan
positif de cette expérience avec des enfants en bas âge. Marie a eu
l’occasion de construire un véritable lien : « On
peut créer une relation avec l'enfant, il y a des échanges, de la
communication, et je sais que je peux lui apporter quelque chose par
le français. Ce n'est pas juste du baby-sitting, il y a un vrai
lien. »
Marine, en charge de jumelles de 5 ans dans le Connecticut, tire un
bilan positif de ses premières semaines aux Etats-Unis, aussi bien
au niveau personnel qu’au niveau relationnel : « Pour
le moment mon expérience est positive, je m'épanouis dans ce que je
fais, je leur apprends des mots en français, j'ai déjà, en 3
semaines sur le sol américain, pris plus confiance en moi, et je me
prends en main ! »
Un choc culturel qui n’est donc pas impossible à dépasser.