La rentrée des séries 2014

Ca devient presque un rituel : chaque année, au cours de la rentrée (de septembre à octobre), vos séries préférées reviennent au programme avec, pour les accompagner, de nouvelles créations pleines d'espoir...

Happyland 2/5

Histoire de booster les audiences, MTV a eu pour projet le #TriplecrushTuesday (avec un hashtag pour faire "jeune"), qui consiste en la programmation de trois shows au format court. C'est donc avec Happyland que se complète le trio spécial ados, en plus de Awkward (qui devient de pire en pire) et de Faking It (qui fait a peu près ses preuves). Happyland part sur des bases semi-originales : ce qu'il y a d'original, c'est le lieu de tournage : un parc d'attractions, filmé du côté des coulisses. Ce qu'il n'y a de déjà vu, c'est l'héroïne : une jeune fille qui galère et qui bosse dans le parc avec sa mère pour boucler les fins de mois. Elle aspire, évidemment, à entrer dans une grande université et est tourmentée par une vie amoureuse tumultueuse et des histoires causées par ses amis. Ajoutez à ça la découverte de l'identité de son père qu'elle n'a jamais connu et vous avez le cocktail idéal pour une série à ranger dans la catégorie "ça commençait bien puis après les couples se sont mélangés et les scénaristes ont eu de plus en plus de mal à rallonger les saisons".


Jane the Virgin 2,5/5

En parlant d'identité de père inconnue, celle-là est tout aussi notable. Du moins, de ce qu'on a pu en voir au vu des premiers épisodes. La storyline, située de nos jours, semble plutôt barrée : on suit une jeune femme d'origine mexicaine tomber enceinte par accident (par insémination artificielle accidentelle, pour être plus précis) alors qu'elle a tout fait pour rester vierge durant sa jeunesse. Evidemment, le père de l'enfant s'avère être un beau et riche mexicain, propriétaire de l'hôtel où elle bosse comme serveuse et ça ne plaît pas à son futur et patient fiancé, américain et flic. Là aussi, elle remplit les critères de l'héroïne cliché : fauchée, aspirant à devenir écrivain et sans papa. Si la série semble déjà être une catastrophe ambulante, elle parvient à convaincre sur d'autres aspects : le premier, c'est son inspiration des fameuses telenovelas hispaniques, dont elle imite les codes et se moque ouvertement, le second aspect, c'est la mise en avant de la langue espagnole lors des scènes de famille entre mexicains, ce qui montre un meilleur respect de la culture du pays (parce que bon, dans une famille mexicaine, on parle espagnol et pas anglais hein, soyez réalistes), le troisième et dernier aspect sympathique, c'est la narration hyper bien fichue : on a une voix-off absolument géniale, bourrée de sarcasme et accompagnée de visuels qui donnent une légèreté totalement assumée à la série.

Manhattan Love Story 1/5

Surfant probablement sur le succès de séries telles que The Mindy Project, Manhattan Love Story correspond parfaitement à ce que vous pouvez en deviner à partenir de son nom : c'est une comédie romantique déclinée en série, située à New York City et avec des héros tout beaux tout parfaits. Du côté de l'héroïne, c'est, encore une fois, un joli cliché : fraîchement arrivée dans la Big Apple, elle travaille dans une maison d'édition et possède un caractère très très naïf et romantique. Le héros, lui, est un player parfait : job fourni par papa, beau gosse confiant et séducteur. Les deux forment donc un couple qui passe par toutes ces fameuses phases fixées par la comédie romantique : le dating, le defining the relationship, etc... La spécialité de la série viendrait du fait qu'on entend toutes leurs pensées à chacune de leur interactions, mais, honnêtement, ça ne convainc pas tant que ça (et ce trope est maintenant connu et maîtrisé, notamment au cinéma). Bref, c'est parfait pour ceux ou celles qui aiment le genre, réchauffé pour les autres.



Selfie 2/5

Je dois vous faire un aveu : j'ai commencé cette série pour voir ce que Karen Gillan faisait après Doctor Who. Ici, elle joue une jeune femme, Eliza Dooley, accro à sa propre image : c'est une pro de la communication via réseaux sociaux et donc... une addict du selfie. Un de ses collègues, anti-Facebook et workaholic, fait équipe avec elle pour la transformer en une personne plus sociable et moins égocentrique. Oui, vous l'avez compris, c'est une adaptation très très libre de Pygmalion, la pièce de Shaw (ou My Fair Lady de 1964), où l'on voit un bourgeois anglais transformer une jeune fille des bas quartiers en une parfaite lady. Sur le fond, on sent la critique déjà faite et rebattue du sur-usage des réseaux sociaux mais aussi des accros au travail qui se ferment au reste du monde. On imagine déjà la fin de la saison : les deux joyeux drilles constateront qu'ils ont tiré le meilleur de chacun et finiront ensemble. Encore une fois, rien de bien original chez ABC. A noter tout de même, Karen Gillan qui est très drôle dans le jeu de son personnage à la fois maladroit et imbu de lui-même.

How to Get Away with Murder 4/5

On sort des séries au public majoritairement adolescent pour atterrir dans un monde plus sérieux. Ici, on suit les aventures d'un groupe d'étudiants sous la tutelle de leur prof de droit, spécialiste du droit pénal : elle a tellement bonne réputation qu'elle s'est permis de renommer son cours "How to get away with murder"... La spécialité de cette série, c'est qu'elle garde l'aspect policier/judiciaire traditionnel des séries du genre (à chaque épisode son enquête) tout en y ajoutant une enquête transversale à toute la saison. Et le traitement de cette enquête est d'autant plus original que l'on voit qui a commis le crime dès le début et qui en est la victime... La seule question qui demeure est comment et pourquoi. En gros, la narration est telle que l'on croise l'avant et l'après, pour arriver au point culminant qui sera, probablement, le meurtre en lui-même. De plus, les personnages sont campés par des acteurs au top (mention spéciale à Viola Davis, un exemple en matière de confiance en soi) et le montage est très travaillé (l'alternance entre séquences passé/présent est très bien réfléchie). En bref, une petite bombe.

En bref, une rentrée un peu décevante du côté des formats courts d'ABC et de MTV. La CW a encore du boulot à faire de son côté.