Writing rules.

Vous voulez devenir scénariste pour des films qui doivent attirer un maximum de population dans les salles de cinéma ou devant vos écrans de télévisions, mais vous n'avez pas encore saisi les différentes astuces pour arriver à ce but si estimable et si précieux ? Ne bougez plus.

Ces trucs trouvables dans 90% (statistique fondée de manière inductive) des films/séries TV de fiction de nos jours


En ce qui concerne le romantisme 

Un triangle amoureux
Ô déesse de l'écriture, donne-moi quelque substance pour ajouter de la tension à mon drame, mais sans trop vouloir me forcer parce que j'ai quand même cours de yoga demain matin. J'ai nommé le grand, l'inévitable triangle amoureux, qui peut se voir partout, de la classique comédie romantique (où c'est souvent la BASE de l'intrigue), au film d'auteur que personne ne comprend, en passant par le film de science fiction qui ennuierait trop les jeunes demoiselles. La manière est la suivante : introduisez un premier couple potentiel aux apparences normales. Ensuite, insérez subtilement un autre élément mâle, plus beau que celui du couple (sinon il ne mérite pas de gagner la bataille), qui sera lui aussi bien sous tous rapports. Ajoutez des moments de tension amoureuse à son paroxysme (genre l'accident qui les fait tomber l'un sur l'autre AH OH LA LA), un accident qui les fait se faire une déclaration, des problèmes dans le couple... Jusqu'au moment final où on découvre que le premier élément mâle (le cocu), est en fait un parfait petit goujat depuis le début de l'histoire, ce qui dédouane les nouveaux amoureux de toute possible qualification d'adultère ou autre.

Les deux partenaires à fort potentiel de couple
Souvent utilisée dans un contexte policier (mais pas que), cette technique permet aux scénaristes d'ajouter deux-trois moments de tension d'une minute ou deux sur quarante minutes d'épisode, histoire de garder le spectateur en haleine et de justifier les 22 autres épisodes qui vont composer le reste de la saison. On a donc ici un couple hétérosexuel, composé de deux personnes vraiment charmantes (mais célibataires ô coincidence), qui sont menées à travailler ensemble pour une raison quelconque. C'est donc au cours de leurs nombreuses aventures que se forgera une amitié profonde, amitié que tous les spectateurs veulent voir évoluer en relation, parce que le romantisme c'est quand même une grosse niche marketing, il faut le dire. Là encore, utilisez la technique de "ils tombent l'un sur l'autre par accident / il y a du contact corporel par accident / il l'a défendue de manière chevaleresque spontanément, c'est une déclaration AH AH HYSTERIE" puis un finale de la saison où les deux zozos se sautent dessus, et vous aurez une saison qui entre parfaitement dans tous les codes classique de la relation télévisée.

Je t'aime moi non plus
Dérivé des deux premières catégories, celui-là possède encore un avenir très beau, parce qu'il permet aux scénaristes de se croire subtils en introduisant un renversement de l'intrigue que "personne n'aurait prévu" (sauf la population de Tumblr qui vous aura devancée avec ses 250 essais sur le sujet et ses montages explicites, mais bon). J'ai nommé le "je t'aime moi non plus", aka le couple en plein déni. Ca commence encore une fois par une union fortuite et involontaire, où les deux éléments (toujours aussi charmants, n'oubliez pas) vont se détester d'une haine profonde et incomparable, au point de créer une compétition féroce/ ne plus vouloir travailler ensemble / causer des problèmes autour d'eux (boulot / famille / amitiés). Viendra ensuite le moment fortuit où ils devront s'unir contre un adversaire commun, ce qui va leur permettre de créer des liens forts, de se sauter dessus etc... Vous aurez compris l'histoire.

Le fournisseur officiel de plot twist

Le personnage au passé obscur
Commencez votre film/série télévisée avec un personnage dont le passé n'est pas entièrement dévoilé : un parent disparu, une partie de sa vie dont il ne se souvient pas, bref, un bon trou noir dans sa storyline. Pourquoi ? Parce que, tout d'abord, un personnage avec un parent absent ça multiplie son potentiel pathos par 1 000, et ce très rapidement. Puis, comme vous l'avez compris, ça vous permet d'avoir un chapeau magique dans lequel piocher si vous manquez d'idées pour un bouleversement d'intrigue : pas de cliffhanger de fin de saison ? Faites revenir un inconnu dans la ville qui deviendra le parent absent. Pas de coupable pour le crime qui plombe l'ambiance de la ville ? Le personnage en sera l'instigateur ou le principal témoin après une réminiscence involontaire. Vous voyez, c'est aussi simple que ça.

Le mystère invoqué dès le début
Plantez un élément qui ne fait pas sens dans l'intrigue dès le début, en y ajoutant beaucoup de caractéristiques, de manière à mettre le spectateur dans un état de confusion proche de la folie. Au point que vous-mêmes, parfois, n'êtes pas sûrs de ce que vous faites. Mais c'est pas grave, le spectateur est un légume sans mémoire et capacité de coordination qui oubliera toutes vos incohérences. Ainsi, faites durer le mystère sur une saison en ajoutant des retournements, du genre "c'est lui qui fait tout mais non en fait c'est pas lui", ou encore en ne le résolvant jamais, histoire de remplir les quotas d'entrée aux asiles les plus proches de chez vos spectateurs les plus chevronnés. Continuez jusqu'au moment où tout le monde abandonne. C'est bien, vous avez maintenant coulé votre crédibilité et ruiné toute votre production. Bravo, vous êtes un parfait scénariste américain !


Les trucs qui ont été faits mais qui n'ont pas marché

Vouloir marcher avec l'actualité
C'est vrai que, dans le fond, cette intention se base sur de bons sentiments : un désir d'être ludique, informer et plaire, vouloir aussi s'inscrire dans une époque, etc... Mais la plupart du temps, c'est juste maladroit, et parfois inapproprié. Parce que reprendre une scène de tuerie dans un lycée quelques semaines après que le malheureux événement ait eu lieu, ça demande énormément de talent et de sang-froid. Reprendre les modes temporelles comme le twerk, pour, en plus, en faire l'apologie, et y consacrer un épisode entier, c'est pire que maladroit : c'est stupide. Oui, Glee, c'est toi que je vise.

Engager des gens parfaits et trop vieux pour le rôle
Longtemps, mon imaginaire personnel a été contaminé par ces personnages de séries, adolescents, joués par des acteurs de... 30 ans (ce que je ne savais pas à l'époque, pour cause d'absence d'internet tout ça). Du coup, mon idée de l'adolescence était plutôt édulcorée : on était tous beaux, bien habillés, les garçons étaient de véritables hommes tous beaux tous musclés et les filles des femmes en fleurs à la garde-robe irréprochable. Imaginez donc le choc à l'entrée en 6ème et aux première rencontres avec les "grands" de l'époque, aka les troisièmes. Voilà. Traumatisme. Chers chargés de casting, donc, ne faites pas l'erreur d'engager des gens trop dreamy, vous rendrez une population jeune, naïve et innocente bien trop paumée lors de son premier bond dans la réalité. Merci.

Faire une série avec une adolescente intelligente et sensée
Parce que c'est une image inacceptable pour la société de voir des gamines de 16 ans qui maîtrisent l'humour, l'école et qui se concentrent sur autre chose que le vernis et les mecs. La preuve, beaucoup de ces tentatives, notamment à la télévision américaine, ont échoué (ô Veronica Mars, Chloe King et Jane Quimby).



En espérant vous avoir été utile,

Pgm.