Les clichés vont toujours bon train...

Si vous l'avez pas compris et/ou que vous venez d'arriver sur ce blog si mal fichu, depuis plusieurs mois maintenant, j'habite cette espèce de ville à la fois horrible et magique, qualifiée de "plus belle ville du monde" (seulement par ses habitants), capitale de notre pays, j'ai nommé... (Angoulême) PARIS ! Et parlons-en, de ses habitants. Oui, ils méritent qu'on parle d'eux en bonne et due forme. Parce que les pauvres, en plus de bénéficier d'une réputation peu flatteuse en dehors des frontières de l'Ile-de-France ("Parisien tête de... -complétez avec quelque chose qui commence par ch- et finit par -ien-)", on les met tous dans le même panier. Et ça, pour quelqu'un d'aussi complexe qu'un être humain appartenant à cette race (usons de termes dépréciatifs, n'ayons pas peur du politiquement incorrect), c'est très, mais alors très, réducteur. Alors me voilà, toujours avec les intentions les plus nobles de la planète, en sauveuse de cette espèce toujours en expansion mais si peu appréciée.

La typologie du Parisien



Avant de commencer à faire l'étalage de toute ma science, je tiens à vous rappeler une règle fondamentale, à retenir dans TOUS LES CAS : ici, tout le monde se déteste, que ce soit entre castes différentes qu'au sein même de ces castes. Paris est un monde hostile qui vous apprend la vie à la dure. Vous aurez été prévenus.


Celle qui sera toujours mieux que toi
Silhouette longiligne et élégance la définissent comme il faut. A la pointe la plus aiguisée de la mode, elle n'en fait jamais trop non plus, ce qui fait qu'au quotidien, vous ne la remarquez peut-être pas toujours... Mais elle est là, oui, elle rôde. Cette Juliette en puissance est parfaite de la tête à la longue chevelure rehaussée par des lèvres peintes d'un rouge vif semi-provocateur, à ses pieds chaussés d'une parie de boots André de la  collection la plus récente possible. Pour plaire, elle ne se fie pas seulement à son physique à la fois passe-partout et agréable, elle tient aussi à jouer la cultivée : ses films préférés comptent une panoplie du best of de cinéma d'auteur, dont 2-3 plaisent aux mecs, histoire d'avoir de quoi discuter pendant un dîner un peu ennuyeux. Ne fréquentant que ses semblables, elle vous fera comprendre sa supériorité par un regard de bas en haut mi-hautain mi-compatissant accompagné d'un léger sourire pour mieux faire passer la douloureuse pilule de votre médiocrité.

Celui qui sera toujours mieux que toi
Lui, c'est son mec. Bobo parisien cliché à souhait, il serait par assimilation facile l'équivalent du hipster de New York, en plus propre. Parce que nos hipsters à nous ont un boulot, un vrai, qui leur demande d'avoir au minimum une tenue correcte. Mais comme le bobo est un anti-conformiste, il porte sa chemise boutonnée jusqu'en haut avec un pantalon trop court au-dessus de ses mocassins en cuir, sans chaussettes sinon c'est pas drôle. Il aura souvent les cheveux légèrement longs à la années 50 (le relevé-tiré vers l'arrière), mais ce qui le caractérise le plus, c'est encore et toujours le combo lunettes wayfarer Ray-Ban x barbe de plus de 3 jours mais quand même soignée. Vous l'aurez compris, le bobo parisien est un mélange astucieux de soigné et pas soigné, de conformisme et d'anti-conformisme, le tout dans un cadre toujours acceptable. Avec la celle qui sera toujours mieux que toi, ils forment le couple que l'on croise toujours en soirée, qu'on admire et qu'on déteste justement parce qu'on les admire (vous m'suivez ?).


Le Défense-man
Working man qui se lève aux aurores, il prend le métro comme un pauvre (comme vous), mais lui, il a déjà son costume-cravate à 7h30 du matin et vient de faire 1h de RER pour aller rejoindre ensuite son QG, j'ai nommé le Quartier de la Défense. Serviette en cuir marron (de préférence) en main, il est occupé à vérifier les dernières news de la bourse sur son iPhone dernière génération (du moins c'est ce que je me dis, ce serait bien dommage s'il lisait simplement les dernières news de People), l'autre bras levé lui permettant de se soutenir à la barre du métro. Ben oui, il serait tellement malencontreux de se frotter au SDF malodorant d'à côté. Parfois, quand il a la chance de se rendre au boulot avec un collègue, on peut profiter des écueils de superbes anecdotes du bureau, du "Patricia a rien foutu hier, j'ai dû retaper tous les dossiers avant que machin ne s'en rende compte" au "Lui tu vois c'est mon pote de bureau, mais j'vais pas l'inviter si j'fais un barbeuc' entre potes tu vois". Une véritable source de divertissement durant les transports.

Le musicien pas si classique
Il n'exerce que sur une seule et même scène : celle du métro. Officiel ou non, il subit toujours la hargne des regards exaspérés des usagers si nombreux des transports en commun. Accompagné de son meilleur ami l'accordéon/guitare/micro et haut-parleur (si, si), il mènera une quête vaine et désespérée après chaque performance, en vous bousculant maladroitement entre deux banquettes. Un malheureux qui, en plus de ne pas se faire aimer de beaucoup de monde, n'arrive pas à boucler ses fins de mois dignement. Et c'est pas faute d'essayer : il essaie parfois même de la jouer grand public en reprenant des grands tubes si appréciés du public, tel Ai se eu tu pego (si je l'écris mal c'est parce que je ne parle pas portugais, pardonnez-moi) et autres écueils de la pop music du hit parade. Mais chaque concert se finit toujours de la même manière : un changement de rame malheureux toutes les 5 stations.

La dame au gros manteau
Si l'on pense souvent que Paris est un repaire de riches, c'est surtout pour un coin, qui, rien qu'en prononçant son numéro, fait trembler les petits habitants de banlieue : le XVIème arrondissement. Parce que c'est THE place to be si votre salaire dépasse par beaucoup de zéros celui du smicard d'Aulnay-sous-Bois. Et surtout si vous voulez vous payer une bonne tranche de rire en observant tous les clichés possibles devenir réels, et parmi ceux-ci, celui de la vieille madame méchante en manteau de fourrure ou habillée grossièrement mais élégamment (pour elle hein), du genre color-block un peu vieilli mais toujours signe d'une origine sociale bien supérieure à la vôtre. Son meilleur ami est son toutou, qu'elle emmène à peu près partout, du marché à son appartement toujours bien mis sentant un doux mélange de renfermé et de Chanel n°5. C'est cette même madame qui, (injustice révoltante) possède 3 chambres de bonne ridiculement petites et inconfortables qu'elle loue à des étudiants désespérés pour une somme astronomique (le genre qui couvrirait un 60m² décent partout ailleurs). Toujours aimable, c'est elle aussi qui vous lancera un regard mauvais si jamais vous la bousculez malencontreusement dans le métro (si elle daigne descendre sous terre, par manque de taxis, m'voyez).

Le wesh-gros-sisi-t'as-vu
Pas besoin de trop le développer, c'est un genre ultra-populaire de nos jours, grâce à Facebook et autres moyens de communication tout aussi moqueurs. S'exprimant toujours de manière agressive même pour vous demander l'heure, il ne traîne souvent en bande dans des espaces étendus (parc de la Villette, etc...) pour... traîner. On ne sait pas trop ce qu'il fait là, mais il est là, il marque son territoire, et si vous venez y pénétrer, gare à vous. C'est encore pire si vous êtes du sexe féminin : vous aurez le droit aux plus belles approches de drague du siècle, aussi délicates qu'une promenade à dos d'éléphant dans un magasin de porcelaine. S'il est seul, vous pourrez profiter de ses goûts musicaux raffinés sans avoir même à brancher vos écouteurs sur son baladeur : la puissance du volume de son casque permet d'ajouter une mélodie douce pour la rue toute entière. Un être doué de charme, vous dis-je !

La wesh-t'as-cru-c'était-la-fête-ou-quoi 
Version féminine du précédent, elle peut parfois s'avérer être encore plus agressive que ce dernier en usant de son arme favorite : le jeu de regards méchants. Oui, vous le connaissez. Celui qui vous fixe sans gêne de manière à chercher l'embrouille, pour qu'elle ait par la suite une excuse de venir vous taper, vous pauvre petite personne qui étiez tranquille dans votre coin. Côté physique, elle est comme le wesh-gros..., en jogging  toujours bien assorti, parfois associé à une paire de talons achetée au marché. Mais ce qui est le plus souvent notable, c'est son maquillage remarquable : poudre soleil sur l'ensemble du visage, qui nous permet de voir la démarcation avec son cou à la teinte bien plus claire, abus d'eye-liner sur le haut des paupières elles-mêmes sacrées par un fard d'une d'un des traits de l'arc-en-ciel (au choix), le tout accompagné de lèvres brillantes entourées par un crayon à la couleur plus foncée. Assembler autant de couleurs sur un seul visage ne peut être que la preuve d'un génie créatif encore refoulé au fond de leur âme. Vraiment, je le pense.

L'étudiant militant
Lui aussi proche du hipster new-yorkais, il prône un style des plus simples, n'étant pas victime de la société de consommation dans laquelle nous sommes tous coincés. Toujours en décalage avec son temps, il tente de rallier ses semblables ignorants à sa cause à coups de campagnes de propagande dans les couloirs de toutes les universités de la région, vous balançant ses prospectus à la tête comme les apôtres de Jésus avec leurs enseignements. Ne tentez même pas de commencer une discussion d'idées avec lui : vous ne comprenez pas, il a toujours raison, et la meilleure manière pour vous de vous en rendre compte est encore d'adhérer à son association. Mais ne vous inquiétez pas, il vous dira toujours que ça ne consiste pas en un engagement, mais que c'est simplement une manière pour vous de vous défendre contre des organismes qui ne vous veulent que du mal. Faites-lui confiance, il est toujours là pour vous.

Bon, d'accord, ces portraits sont un peu méchants. Je veux dire... J'aime Paris. En vrai, j'adore Paris, c'est une ville magnifique, avec des gens si différents qu'il est dur de les enfermer dans des cases. Mais parfois, argh, notre coeur de provincial l'emporte et nous pousse à hurler notre haine des manières les plus basses qui existent. Alors, voilà une de mes nombreuses diatribes (il y en aura d'autres à venir, préparez-vous). En tout cas, je vous dis salut salut les amis, et tant que je suis là, je voulais vous rappeler que la semaine qui arrive contient un grand évènement : non pas mon anniversaire (HAHA la majorité trolololol), mais le concert des Killers à Paris au Zénith le LENDEMAIN, eh oui, auquel j'aurai la joie d'assister (si la neige ne s'en mêle pas). Bref, un grand moment d'humiliation personnelle puisque je laisserai la fangirl en moi sortir de sa cage...  Ce qui promet d'être épique.
Bref, salut salut, (quoi, je me répète ?)
Pgm.