Nous en sommes à ce moment de l'année où tous vos copains étudiants embellissent votre fil d'actualités Facebook avec des plaintes aiguës liées à leur frustration commune : celle des partiels. Et comme je suis quelqu'un de vendu qui aime coller à l'actualité (et aussi il m'arrive d'avoir des périodes de sous-imagination), j'ai voulu traiter de ça d'une manière très scientifique (comme toujours). (ça veut dire personnelle)
Ces trucs insupportables pendant les partiels
Les gens de mauvaise humeur
Alors oui, certes, les étudiants de mauvaise humeur un jour d'examen, c'est fort prévisible. Ce qui est moins attendu, c'est cette ambiance partagée par le personnel de ta fac, qui, en te réclamant ta carte d'étudiant à la manière d'un nazi t'hurle dessus pour te placer au premier rang de l'amphi, te fait comprendre que oui, ça l'emmerde profondément de passer son samedi matin cinq heures en ta compagnie. Tu profiteras de son ton désagréable pendant toute la durée de l'examen, du moment où une des assistantes/secrétaires (en vrai je ne saurais dire quelle est leur véritable fonction) hurlera qu'il ne reste plus qu'une heure, jusqu'à la fin de l'examen où tu te feras sèchement réprimander parce que tu n'auras pas léché le coin ô sacré de ta copie qui permet de cacher ton nom.
Les moments de solitude intense
On a beau être entassés les uns sur les autres dans un amphi bondé (la seule fois de l'année où vous le verrez noir de monde, pour être honnête), on se sent quand même bien insignifiant au milieu de cette foule. Et dans le fond, on l'est. Qui n'a pas ressenti un grand moment de désespoir après avoir hurlé "monsieur" pour la 6ème fois, dans le but de réclamer une copie supplémentaire (et au passage avoir permis à toute la rangée d'étudiants de perdre sa concentration) ? Qui n'a pas eu cette angoisse énorme de sortir le premier de la salle d'examen et de passer donc, aux yeux de tous, pour celui qui aura bel et bien raté son semestre ? Et ne me laissez pas aborder (encore une fois) le thème du léchage de coin de la copie en fin d'examen, ce moment où on regarde nerveusement autour de soi pour voir si personne ne nous voit commettre un acte absolument immonde. Ou alors c'est juste moi.
Les gens qui mangent
Je ne vous en veux pas. Vraiment pas. Mais, franchement, pour un examen de deux heures, vous êtes obligés d'emporter le contenu de votre placard entier pour le déverser à la vue de tous et surtout à la vue de mon estomac qui a sauté le petit-déjeuner pour être à l'heure ? Est-ce que c'est une technique vicieuse qui tend à nous déconcentrer histoire de vous faire arriver en pôle position du classement des notes ? Hein ? Parce que le prochain qui épluche sa clémentine odorante en plein milieu de l'amphi, je le tire par le col et le traîne jusqu'en bas de l'amphi pour le lyncher aux yeux de tous. C'est pas personnel, hein.
L'incompréhension totale
Terme qui va définir les 10 secondes suivant la découverte de votre sujet. Après ces 10 secondes, vous lèverez la tête vers votre camarade le plus proche histoire de partager votre désespoir/enthousiasme (la première option est plus fréquente) en croisant vos regards. Puis vous relisez le sujet. Après 5 bonnes minutes de cogitation, de relecture et de traduction (c'est-à-dire un passage du texte d'origine en français du XVIIème au langage de votre quartier), vous tentez courageusement d'élaborer un pseudo-plan sans trop y croire. Dans le fond, ce sentiment d'incompréhension restera présent pendant tout l'examen, mais vous êtes forts et pratiquez le déni avec une persévérance extraordinaire : du coup, vous parvenez à jouer à l'imposteur et soufflez lors de la rédaction de la dernière phrase de votre devoir.
Le stress "Temple Run"
Ceux qui ont joué à Temple Run connaissent cette situation de stress où tout s'accélère et vous devez être le plus performant possible histoire d'obtenir le meilleur résultat possible (ou du moins de sauver les catastrophes précédemment arrivées). Cette fausse métaphore caractérise bien les quinze dernière minutes d'examen annoncées par un professeur/membre du personnel de la fac très aimable (haha), alors que vous étiez encore en train de rédiger votre première partie. Et c'est là que le décompte chrono se lance, un peu comme celui d'une bombe dans un film américain. Vous sentez une goutte de sueur parcourir votre front, votre main s'agite fébrilement et trace des lignes d'écriture de moins en moins distinctes sur le papier, vos yeux se froncent et votre cœur bat à tout rompre. On en entendrait presque les battements à travers les hauts-parleurs de l'amphi. A la dernière minute, vous tentez d'administrer à l'ennemi votre coup final : la plus belle des phrases de conclusion jamais écrite, histoire d'en jeter plein la vue à votre correcteur aux yeux cernés et au cerveau épuisé. Le professeur signale la fin de l'examen, et vous exultez de joie : oui, vous êtes parvenus, en quinze minutes, à faire ce qui vous prend environ 7 heures en devoir maison devant votre ordi.
La culpabilisation
Il y a quelques années, on a lancé la mode d'apprendre des mots compliqués. Parmi ceux-ci, un est resté, tellement il caractérise une situation qui est connue par le plus grand nombre d'entre nous : la procrastination. Et ça, mes amis, c'est une véritable maladie qu'il est temps d'éradiquer. Je sais que vous partagez mon opinion. Et pourtant, ça ne vous a pas empêché de finir cette partie de Pokémon sur 3DS en pleine période de révisions alors que votre leçon d'Ancien Français n'attendait que vous pour commencer. Sauf que là, quand vous êtes devant le sujet, vous séchez. Votre cerveau est un vide complet où l'on entendrait le vent passer par vos oreilles. Et c'est là que vous vous sentez submergés d'un sentiment qui vous semble terriblement familier : oui, oui. Vous culpabilisez. S'ensuit donc une crise de panique mentale intense durant laquelle vous vous auto-flagellez pour ne pas correspondre à cet idéal ultra-productif qui ferait de vous un génie et qui vous aurait permis de savoir conjuguer le verbe avoir en ancien français à l'imparfait du subjonctif. Voilà. Vous pouvez n'en vouloir qu'à vous-même.
La sortie de salle
Comme vous êtes quelqu'un de gentil et sociable, vous attendez les copains pour sortir et discuter de la séance de torture que vous venez juste de subir. Et, malgré toute votre volonté pour vouloir oublier cette épreuve, malgré le fait que vous détestiez les gens qui font ça autour de vous quand vous êtes seul, vous le faites quand même : oui, je parle d'un récapitulatif détaillé de l'examen avec comparaison des réponses des uns et des autres et discussions autour des sujets proposés. Un peu comme ces gens qui commentent immédiatement le film qu'ils ont vu en sortant du cinéma, vous savez qu'aux yeux des autres étudiants autour de vous, vous êtes pénible. Vous savez aussi que vous pourriez attendre un autre moment, laisser passer une ou deux semaines histoire de dépasser l'état de choc dans lequel vous êtes, état qui peut biaiser fortement votre point de vue. Mais ça y est, vous êtes lancés et prêts à convaincre votre camarade de littérature que oui, le critique cité plus tôt avait entièrement tort et que proposer ce sujet était un piège dans le but de réveiller votre esprit critique et polémique. Honte à vous.
Si vous sentez de la frustration et de la fatigue à travers l'écriture de ce texte, vous avez vu juste.
Salut salut,
Pgm.
Pgm.