Et on revient avec un article au ton pas très sérieux (ce que je fais de mieux, paraît-il), pour parler de mon expérience si grande de l'université (à savoir 11 mois au total, oui je sais, énorme). Cette fois, le sujet est : les profs de fac. Parce que parfois, ça fait du bien de parler des choses qui font mal (et parce que mon champ d'expérience est encore limité, pardonnez mon manque de savoir).
Typologie des profs de fac
![]() |
Cette pauvre demoiselle prend très cher sur 9Gag, paix à elle. |
Le maître de conférences qui n'aime pas la vie
Celui-là vous traumatisera dès vos premiers jours sur les bancs des amphis. Ayant pourtant le même âge que votre papi (et peut-être la même sénilité), il n'est en rien ce gentil vieil homme qui vous offre des chocolats à tout va et qui vous raconte des histoires de son passé dans les Trente Glorieuses. Lui, il vous fusille du regard quand il vous aperçoit mâcher votre chewing-gum au 45ème rang, il vous assassine du haut de son bureau quand il vous voit entrer avec 45 secondes de retard et surtout, il vous considère comme un ignorant qui n'apprécie pas son ô combien précieux enseignement à sa juste valeur. Il est, en somme, vieux jeu : costume-cravate et lunettes, cours oraux sans interactions avec les élèves et âme morose dans ses plus profonds recoins. Dans le fond, même s'il vous terrifie, vous le respectez : il a publié 45 thèses et œuvres théoriques depuis sa naissance, œuvres qui vous permettent d'atteindre la gentille moyenne en dissertation.
Le chargé de TD mal à l'aise
Typiquement, le chargé de travaux dirigés est à peine plus vieux que vous. Cela fait que souvent, il se sent mal à l'aise de donner des cours à des gens qui, au fond, pourraient être ses camarades de thèse. Du coup, il vous donne des cours d'une petite voix mal assurée et se sent agressé dès que vous lui demandez ce qu'il entend par "séquence de la construction impersonnelle "il pleut"". Caché derrière ses notes de cours, il n'osera jamais vous reprendre quand, pour la 45ème fois, vous venez de rire à cause d'une vidéo de chat sur Youtube. Dans le fond, il ne vous veut aucun mal : alors ménagez-le, on ne voudrait pas que l'Etat perde un de ses employés au profit d'un établissement psychiatrique.
L'enthousiaste
Cet adjectif décrit absolument tout ce qu'il est : sa matière, aussi obscure qu'elle puisse être, le passionne à un point tellement extrême que c'en est fascinant. Avant d'aller plus loin, il est quand même nécessaire de distinguer deux catégories d'enthousiasme : celui qui est partagé et... celui qui ne l'est pas. Et là, ça change toute votre approche au cours de ce prof. Le premier vous rendra heureux, son charisme et son engouement vous donneront envie de vous lever à 6h pour vous rendre à ce cours, juste pour voir quelqu'un s'extasier sur le vers 42 de la partie 5 du recueil de poèmes de Victor Hugo. L'autre, par contre, aura plus de mal à vous convaincre : enthousiaste incompris, vous n'arriverez pas à suivre le discours du prof plus de 10 minutes, non seulement parce que son sujet de prédilection est ennuyeux, mais aussi parce que ça fait 10 minutes qu'il est sur la même phrase, qui servait simplement à expliquer la fonction d'une proposition subordonnée conjonctive interrogative indirecte totale.
L'érudit
Il est vrai qu'en principe, tout professeur exerçant à l'université est, par essence, érudit. Mais ce type particulier l'est plus que les autres. Son cours ultra documenté est agrémenté d'une bibliographie de 12 pages intitulé "lecture minimale pour le semestre". Posez-lui n'importe quelle question, il saura y répondre de manière claire et concise. Envoyez-lui un mail à 4h du matin, il y répondra avec 45 liens qui répondront précisément à votre question (et ces liens ne seront pas des pages Wikipedia). Jamais méchant, jamais gentil, il est juste l'exemple parfait de la neutralité et de la compétence en une personne en chair et en os. Inutile de préciser que ce type est un échantillon rare du corps professoral en 2013.
Ton meilleur pote
Souvent chargé de TD, il est lui aussi conscient de la proximité de son âge avec celui de ses élèves, mais ne s'en trouve pas gêné. Au contraire : il se sent super à l'aise et ce sur tous les points : aucune gêne donc lorsqu'il tutoie ses élèves (chose qui se fait au lycée certes, mais qu'on n'entend plus une fois à la fac et qui, paradoxalement, sonne extrêmement bizarre une fois qu'on rencontre à nouveau cette situation), qu'il emploie des gros mots (appelez moi vieille chouette si vous voulez mais dans un cadre formel, ça fait tâche) ou qu'il emploie des smileys à la fin de ses mails d'information (non, juste non).
Le prof qui se sent beau gosse
Il arrive souvent que, dans les cursus plus "littéraires", les promotions se composent en majorité d'un public féminin. Et ça, pour le prof qui se sent beau gosse, c'est du pain béni. Attitude en rentrant en classe, petits sourires et blagues nulles, tenue semi-décontractée semi-habillée : il est celui qui veut jouer à plus que le prof meilleur pote, mais sans jamais dépasser la limite, parce que bon c'est quand même pas correct hein. Dans le fond, vous ne lui en voulez pas : le spectacle qu'offre ses interactions avec les élèves (qui peuvent répondre favorablement à ces avances, oui, oui) est bien plus divertissant que le cours en lui-même, alors pourquoi s'en priver ?